Kenza... son/mon histoire !

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de Kenza, ceux qui me connaissent l’ont très probablement déjà rencontré ou en ont entendu parler sinon, vous ne m’avez pas fréquenté plus que quelques heures c’est garanti !

Kenza, c’est ma mascotte, ma protégée, ma complice, ma confidente, mon bichon, mon oreiller des fois, ma partenaire d’aventures, mon chauffe-lit, mon angoisse parfois, ma tueuse d’écureuils, ma je-te-garde-terre-a-terre mais ma fierté aussi… bref ma husky.

Vous comprendrez plus tard pourquoi je rigole quand aujourd’hui on me dit : mais c’est facile pour toi, tu as Kenza… ! Ah oui ?!

J’avais 20 ans (et oui j’ai la chanson dans la tête) et mon copain de l’époque me tannait pour avoir un husky (il m’a fait regarder 8 below… j’ai craqué). Nous avions déjà un berger allemand croisé husky de 8 mois, DJ, un chien parfait, merveilleux, tant et si bien que s’il n’y avait que des chiens comme lui sur Terre, je n’aurais pas de job aujourd’hui !

Bref, si je dois parler de Kenza, je dois aussi parler de DJ car on a trouvé ce dernier sur Kijiji, une annonce, une portée accidentelle… bref, on l’a pris et pour 75$ je vous assure que c’était toute une aubaine ! Il n’avait pas tout à fait 1 mois (la mère, tannée de la grosse portée qu’elle avait eu, tuait ses petits) mais en 2 temps 3 mouvements il était propre, n’a jamais vraiment fait de bêtises ou de vagues… le chien parfait je vous dis !

Alors comme ça, on se dit que c’est facile avoir un chien, pourquoi pas un deuxième… et nous voilà parti… on trouve la portée de Kenza sur Kijiji encore une fois (on était bien conditionné, DJ était une perle), on a trouvé des petits huskies, venant d’une soi-disant famille de mushers (gens qui font du traineau) et qui avaient un couple qui ont eu une portée. De beaux chiots pas trop chers… on y est allé ! Et là, le début de l’aventure a commencé…

Sur place, on se rend compte que les chiots ne sont jamais rentrés dans la maison, vivent dehors dans une petite cabane, mais bon, on se dit que c’est pas grave, que ça va aller, les parents sont super sympas et les chiots si mignons... On voulait un autre mâle, mon ex ayant une aversion pour la stérilisation mais un certain bon sens de pas avoir une femelle car nous ne voulions pas de bébés… nous demandons donc à voir les mâles, on nous les présente alors et on craque pour le râleur de service, celui qui jase beaucoup et qui nous pisse pas dessus.

On repart donc avec notre chiot que l’on avait nommé Cloud, et tout le trajet… il chiale, il chiale, il chiale… DJ nous avait déjà fait ça autrement à l’époque de son transport car il dormait bien au chaud dans nos bras. L’aventure ne fait que commencer…

Quelques jours après, car, naïfs que nous étions avions fait confiance, on se rend compte que Cloud n’est pas un mâle mais bien une jolie femelle pleine de vers (je ne vous épargne pas l’image du caca sur le tapis : des spaghettis vivants ! J’entends encore mon ex hurler : ‘Mais ça bouge !’) Bref, 400$ de frais vétérinaires plus tard, les tapis aux poubelles et une chienne sur les bras, le backyard breeder de la maintenant dénommée Kenza et non plus Cloud, me fait la morale en me disant que de toutes façons 2 mâles pas castrés c’était pas une bonne idée… bah oui, parce qu’une femelle non-stérilisée c’est forcément mieux n’est-ce pas ! *sarcasme*

Nous voilà donc avec Miss Kenza qui, du haut de ses 6-7 semaines, fait la loi à la maison et dans le parc à chiens. Non mais fallait la voir la minuscule chose, prendre la tête d’un groupe de chiens dans la forêt et m’abandonner derrière… j’allais, le cœur fendu de voir mon si petit chien si indépendant à travers les bois… et je vous raconte pas le bazar à la maison… allez que je te bouffe le tapis, que je tug sur les rideaux à les décrocher (et pourquoi pas faire des confettis avec tant qu’à y être), et que je te démonte les poubelles, et que je t’ouvre le frigo et te le vandalise… et ça n’allait que de mal en pis.

Une chance, une amie d’amie de chiens (merci Christine, qui vit avec Julius, le meilleur ami de Kenza) a eu la bonne idée d’être aussi spécialiste en comportement canin et a rapidement vu que Kenza n’était pas un chiot ‘normal’. Faut dire que maintenant je m’en rends compte, elle montait et descendait les escaliers en courant à moins de 2 mois d’âge (elle n’a jamais été maladroite comme peut l’être tout chiot), elle se frustrait de ne pas pouvoir courir comme les grands chiens, elle avait un focus du tonnerre et passait son temps à m’observer en tournant la tête (c’en était flippant)… bref, non, aujourd’hui je me rends compte que Kenza n’a jamais rien eu d’un chiot, c’était déjà un chien adulte dans sa tête mais pogné dans un mini-corps… Ohhh que ça devait être frustrant !

Bref, Zuzanna m’a diplomatiquement donné un livre à lire pour m’aider… je ne l’ai jamais fini, je me suis arrêtée au chapitre ‘les signes avant-coureurs d’un chien réactif chez un chiot’… sur 11 points de ‘il faut surtout pas prendre ce chiot’ (de mémoire), Kenza en scorait 10 les doigts dans le nez… donc, à peine la liste finie, je l’ai appelée d’urgence. Je m’en souviens encore comme si c’était hier, la prise de conscience a été immédiate et… horrifiante ! La réponse de Zuzanna a été claire et nette : ‘maintenant t’as de la job à faire, il va falloir socialiser ton chiot au maximum et l’entraîner’. Je n’ai clairement pas eu la ‘chance’ (mettons le entre guillemets) de tomber sur un deuxième DJ.

Me voilà donc partie, entre 2 cours de freestyle et apprentissage du clicker à socialiser mon bout de chien pour la mettre à l’épreuve de tout !

Je vous avouerais que j’ai fait une sacré job (faut avouer que j’étais bien entourée), mais du haut de mes 20 piges et complètement novice Kenza était, quelques mois plus tard à peine, capable de marcher dans des foules, d’aller dans des festivals et y voir des mascottes, rester zen près des tambours, rencontrer tout type de chiens, de gens (chaises roulantes, cannes, allez-y elle va tripper), d’environnements (attends, je me dois cet aparté : on a même fait des manifs ensemble en 2012 lors du printemps érable… et zéro stress, elle me regardait de temps en temps histoire de dire : ‘hey, ya du monde pour notre promenade aujourd’hui !’… merveilleuse Kenza !), bref… mais aussi du haut de mes 20 piges, je n’ai jamais pensé aux enfants… et voilà t’y pas que je me rends compte qu’elle en a peur (et pour cause, elle en avait jamais rencontré vraiment !) et que je me mets à habiter à côté d’une école primaire… elle est encore toute jeune, (allez 4 mois max) et réagit fortement comme je l’avais jamais vu faire… angoisse totale.

On travaille là-dessus, on travaille aussi pas mal de commandements, de trucs (hey, on est des adeptes du freestyle quand même) et… mon entraînement a été mis à l’épreuve lors du SNAC (Salon Nation des Animaux de Compagnie) où Kenza était placée stratégiquement devant le kiosque (faut dire qu’elle attire les gens tant elle est jolie et avec ses yeux vairons) et une gamine, se détache de la main de son père (je la revois encore au ralenti) et vient, du haut de ses 3 pommes, donner un gros gros gros câlin à ma Kenza assise… mon sang ne fait qu’un tour, je vois le dos de ma chienne se redire, son corps se crisper et dans un effort sur-chien (parce que sur-humain n’est pas approprié ici), tourner son long cou pour que nos regards se croisent… elle me demandait clairement ce qu’elle devait faire… Wow ! Elle n’a pas réagi ni bougé d’une miette, n’a pas mangé la petite fille… elle a préféré me poser une question (ses yeux bicolores plantés dans les miens) … les secondes (qui me paraissaient des heures) se sont écoulés et c’est avec un seau de gâteries que je l’en ai remercié… Voilà où réellement j’ai compris notre complicité, notre relation, notre nous : on se fait confiance, on se réfère l’une à l’autre, on se comprend et on décide ensemble de ce que l’on veut faire.

Ça a peut-être l’air un peu tiré par les cheveux mais je vous garantis que c’est en fait le travail d’une relation accomplie via le renforcement positif et l’écoute.

20 ans… et malgré ces belles victoires et cette jolie socialisation, j’apprends aussi que Kenza, outre ses frasques de chiot, fait de l’anxiété de séparation sévère… tsé, quand à 4 mois ça t’arrache des plinthes, te défonce des portes, t’arrache le plancher, pisse et chie partout quand tu n’es pas là et que tes voisins te disent que ton chiot hurle comme un loup toute la journée… ben voilà un autre problème auquel tu ne t’attendais pas… ahhhh chiot kijiji de 5 semaines, voilà ton vrai visage… sevrée trop tôt, une portée trop grosse, peut-être une génétique merdique… mais voilà… pas d’humain c’est la panique…

Et puis, rupture avec mon ex, chacun prend un chien, je prends Kenza car DJ, en plus d’être le plus merveilleux chien facile de la Terre, a aussi cette faculté de réveiller mon ex, diabétique, quand il est en hypoglycémie… il allait donc de soi que ce chien reste à ses côtés, un ange-gardien tout trouvé ! (Je vous dis qu’il est parfait ce DJ… et en tout point… à part ne pas aimer les autres mâles pas castrés… !)

Du coup, déménagement, et une Kenza anxieuse avec moi… même mes colocs de l’époque ne pouvaient la garder, si je disparaissais, c’était la panique… je vous raconte pas les déboires, engueulades, destructions que cela à causer… j’ai pour le coup eu sacrément de la chance que Kenza ne se blesse pas ou meurt… (je l’ai retrouvé sur le toit de l’immeuble avec les pompiers, elle est passée à travers 2-3 cages, a bouffé la poignée de porte d’entrée… et j’en passe !)

Et puis 20 ans… c’est la fête… bah du coup, je marchais 6-7 heures par jour pour aller à mes party (si et seulement si je pouvais amener mon chien) et la faire courir pour essayer d’aller bosser sans que les voisins ou colocs se plaignent et, et, et, ben j’étais sacrément en forme à cette époque !

Finalement, j’ai décidé, une fois mon bac passé, de me reconvertir dans le comportement canin, passionnée par tout ce que j’avais lu pour aider Kenza et merveilleusement, Zuzanna a bien voulu me prendre sous son aile et m’a trouvé une job dans une pension en plus de me former. Chouette ! Kenza jouait toute la journée avec des chiens, le soir elle était crevée, et moi j’apprenais sans cesse !

L’anxiété de Kenza… Aïe, ça c’était dur, avec les protocoles, elle était tellement mal au début qu’elle faisait des bulles sur sa tête au complet, se bouffait les pattes, devenait apathique ou complètement hyperactive… mais avec tous les efforts déployés (et mon cœur brisé parfois) ça a fini par marcher, on s’est, toutes les deux, habituées à être un peu plus loin de l’autre mais encore aujourd’hui il y a des restes, les déménagements sont difficiles, les changements… on est liées, on est mal loin l’une de l’autre, il nous faut nos encadrements spécifiques pour, encore aujourd’hui ne pas avoir de crises d’anxiété/panique.

Oui j’ai certainement un problème aussi… et c’est pas étonnant que son anxiété soit si forte, mais en même temps, elle a fait de moi ce que je suis aujourd’hui, la passionnée et professionnelle que je suis… Je n’aurais jamais pris ce chemin de vie sans elle… et je suis très heureuse de pouvoir avoir cette vie !

Aujourd’hui, je suis évaluatrice à la SPCA de Montréal, et des chiots j’en vois… et certains m’alarment comme Kenza a pu alarmer Zuzanna et pas mal de gens ne comprennent pas : ‘c’est juste un chiot’… bah oui et bah non !

Kenza m’a appris cette leçon : un chiot, même parti de si petit, n’est pas garanti sans problème… et je pose la question… qui ? humainement parlant, du haut de ses 20 piges va refaire sa vie pour son chien, remodeler ses habitudes, ne pas sortir, ne pas faire ci ou ça parce que ‘bah le chien peut pas’ ? Peu de gens… alors si il doit y avoir une morale à notre belle histoire (Kenza a fêté ses 8 ans en juillet dernier) c’est : tous les chiens ne sont pas des DJ… c’est bien beau prendre un chiot, un chien, un animal en général mais sachez aussi que ça va changer votre vie, son rythme, ses priorités…

La prochaine histoire que je vous publierai sera celle de mon autre chienne, celle de Kawaii… un autre chiot, une autre histoire… et encore une fois, pas une DJ