La socialisation oui, mais pas n'importe comment !

Ce soir, Kenza et moi étions à la marche annuelle du 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas prise avec moi pour un tel évènement d’envergure (gens partout, touchée sans consentement, orchestre, porte-voix, marcher en manifestation serrée, fumigènes... et autres codes hors-normes de nos promenades quotidiennes).

Et c’est là que je me suis rendue compte, à nouveau, de ce qu’est la socialisation bien faite. Non je ne m’envoie pas des fleurs, Kenza et moi avons été coachées dès nos début ensemble (merci Zuzia de CoeurCanin) pour arriver à cela. Kenza était un chiot anormal (voir mes autres articles à son sujet) c’était plus que crucial et on a passé 2 mois (de son adoption à ses 4 mois) à ne faire que ça... zéro obéissance (ou presque), juste de la socialisation !

Ce qui est merveilleux depuis quelques années c’est qu’on en parle de la socialisation, cette période pré-natale à 4 mois d’âge, cette petite fenêtre si importante pour les années qui suivent. Parlons en bien, et parlons en bien (pas en mal) car c’est finalement d’une importance presque capitale dans la vie d’un chien, et par association, notre vie à nous aussi.

La socialisation qu’est-ce que c’est ?

Grossièrement, c’est le fait de pouvoir vivre, sereinement, en société.

Facile à dire ! Pas si facile à faire !

Dernièrement, tout le monde veut ‘socialiser’ son chien, c’est parfait ! Sachez seulement que la socialisation est une période... avant les 4 mois d’âge. Passé cette étape, on ne parle plus de socialisation.

La pression sociale

On aimerait, toutes et tous, que notre chien soit le plus sociable du monde, qu’on puisse l’emmener partout sans encombre, que tout le monde puisse le toucher, le flatter, en faire une peluche consentante... oui, on aimerait tous ça... mais votre chien, le veut-il ?

Probablement pas... votre pression sociale ne lui appartient pas, ce n’est pas son monde ni ses codes ou envies, ce sont vos besoins à vous... réalisez-le !

Ok, on commence par ou ?

Les études voudraient que le chiot rencontre x nombre de gens, de chiens, de situations par jour, le truc infaisable si on travaille et qu’on est pas 24/7 avec son chiot... oui, ok, mais humainement que peut-on faire ? On peut faire des associations positives avec chaque nouveauté... c’est là la clé d’une bonne socialisation !

Socialiser son chiot c’est certes lui présenter de nouvelles personnes, situations, choses... mais c’est SURTOUT faire des associations POSITIVES. Souvent, je vois des gens, qui veulent bien faire, ne leur enlevons surtout pas ça, mettre leur chiot en immersion (plonger le chiot dans une situation et ‘il va s’en sortir’, l’exemple parfait : le parc à chiens !). En fait non, malgré tout le bon vouloir, l’immersion est la meilleure fausse bonne idée à avoir, souvent les chiots sont figés, incertains et ne savent pas encore comment s’exprimer totalement... et ce qu’on voulait construire comme de la socialisation s’avère devenir à l’adolescence un aversif total et on voit alors apparaître de la réactivité ou autre ‘problèmes comportementaux’.

A qui vous vous adressez ?

Un chiot est un individu à part entière, avec ses peurs, ses envies, ses rythmes. (Le choix d’un bon éleveur est vraiment crucial, je ne le réitérerai jamais assez... un bon éleveur choisi ses tempéraments, ses portées, ses candidats à l’adoption, fait des suivis...etc).

Le meilleur conseil que je puisse vous adresser est le suivant : apprenez à lire votre chiot/chien (le langage canin est très spécifique et plus on les regarde et on apprend à les décoder, plus c’est facile, Turid Rugaas a fait des miracles à ce propos pour la traduction canine à humain). Il est à l’aise ? Génial, récompensez ça ! On ne peut jamais trop récompenser de bons comportements, de bonnes émotions ! Ne soyez pas avare ! (et notez ce qui est renforçant pour votre chiot, ce qui est une VRAIE récompense, pas ce que vous pensez l’être... pour exemple la caresse n’en est pas une dans... 90% des cas que je rencontre, allez-y de bouffe génialissime, de jouets à s’en fendre l’âme, bref, ce qu’il aime lui, on ne parle pas de vous ici, aussi dur que ça puisse être pour votre égo !)

Il n’est pas à l’aise ? C’est correct aussi, c’est de l’information que vous vous devez de stocker/comprendre. Pourquoi ? Et si on s’éloigne est-ce que ça va mieux ? Introduire une nouvelle chose (ou autre) plus lentement, de plus loin, le laisser renifler, découvrir, ça aide ? Sûrement que ça aide, ça l’aide lui, ça vous aide vous aussi à le comprendre et l’accompagner dans ses découvertes ! Ne minimisez pas les petits pas !

L’autre clé de la socialisation (et de sa vie)... aller à son rythme ! Ne pas lui imposer des choses qu’il n’est pas capable de subir/faire/comprendre/analyser... c’est important ! Il n’y a pas de recette miracle, il n’y a que de la compréhension, du renforcement et de la confiance mutuelle qui fonctionnent.

Votre chiot a le droit d’avoir peur, d’être incertain, de ne pas savoir comment faire... vous êtes son guide, sa référence, sa compréhension du monde humain. Expliquez-lui, avec ce qu’il comprend (des renforcements, des renforçateurs), aidez-le à découvrir sereinement, non, en fait même mieux : joyeusement ce nouveau monde, ces nouveaux codes, ces nouvelles façons de fonctionner qui sont les vôtres, pas les siennes... (sinon il dévaliserait les poubelles et boufferait tout ce qu’il y a sur les comptoirs car c’est ça, sa vraie vie de chien !)

En conclusion

La socialisation, OUI, et même en majuscule ! Mais en fait c’est surtout en solidarité avec votre chien... avec tout ce qui fait de lui un individu si particulier, et tout ce qui fait de vous cette référence dans sa vie !

Un nota bene

Je parle ici de Kenza, qui pourtant vient d’un élevage peu recommendable, et je ne parle pas de Kawaii, mon autre chienne, que j’ai recueilli sauvage (son histoire dans mes articles) et qui ne pourra jamais faire ce genre de démonstration car réactive aux bruits, anxieuse aux temps morts, anxieuse +++ en dehors de ses schémas/routines... bref, le parfait exemple d’une socialisation inexistante... une réhabilitation certes, elle est capable de vivre en société, mais nos codes sont restreints, à travailler tout le temps et pour le reste de sa/notre vie...

Pourquoi cet article ?

Kenza déteste se faire toucher... à part pour se faire gratter les fesses de temps à autre mais elle choisi ses victimes !

Ce soir, je l’ai mise en avant, comme toujours quand je veux attirer des gens et commencer des conversations... mais on a un code elle et moi... chaque fois que quelqu’un la touche, elle me regarde et quand le toucher se termine : tu me payes ! YES ! C’est pas mal mieux que : il me touche je le mords ! (sa pensée première sans aucun doute). On a travaillé sur des codes simples, efficaces... ça fait maintenant 11 ans qu’on travaille ensemble... et je dois vous avouer que c’est juste... merveilleux et que du coup elle finit par attendre ces gens qui la touche !

Je termine cet article les larmes aux yeux... de notre complicité à toutes les deux, nos codes si bien établis... ce nous qui fait qu’on est nous, entièrement et depuis... sa socialisation ;)

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