Anxiété de séparation : 3 'fausses bonnes idées'
- Coline Gaucher
- 5 sept. 2018
- 5 min de lecture

Kenza après une crise...
1. Laisser son chien hurler
‘il cherche de l’attention’, ‘il va apprendre à se calmer’, ‘il va finir par apprendre que vous allez revenir’
Que ce soit un chiot, un chien nouvellement adopté, un ado en détresse ou un chien adulte d’ailleurs, le conseil qui revient souvent est : ‘attendre qu’il arrête d’hurler/aboyer pour revenir et il va apprendre que c’est en se calmant que ça va aller’.
Déjà... il a été démontré qu’ on ne devrait pas, ou plus, laisser les bébés pleurer dans leurs berceaux, on ne laissera pas plus un chien hurler de détresse dans son espace (cage, pièce ou autre). De plus, si c’est vraiment ‘pour de l’attention’, faites attention à votre timing car cela peut vous jouer des tours ! S’assurer que le chien est bien et apprend les départs est une meilleure idée dans un cas non-anxieux que travailler à l’envers.
On s’entend qu’on ne parle pas ici de 2-3 chignements avant de s’endormir mais bien d’un chien ou chiot qui pleure, jappe, hurle, pouvant aller jusqu’à baver, mordre les barreaux ou poignée de porte, uriner, gratter la porte, s’automutiler etc et ce après plus ou moins de 2-3 minutes laissés seul (ceci n’est qu’un indicatif, certains chiens sont pris de panique bien avant cela). Non ce n’est ni un caprice, ni une demande accrue d’attention et encore moins de la vengeance, c’est un vrai appel de détresse et ne pas y répondre c’est pousser son chien à l’impuissance acquise ou pire, à se blesser.

L’anxiété de séparation n’est pas à prendre à la légère et doit être traitée comme une vraie panique : c’est en fait la phobie de se retrouver seul comme certaines personnes peuvent avoir la phobie des araignées, des serpents, des hauteurs ou même encore... pour ma part, des volatiles !
Je vais ajouter ici que ‘récompenser’ votre chien car il est calme quand vous rentrez est une fausse bonne idée aussi. Pourquoi ? Car votre chien attend votre retour. Quand on travaille avec de l’anxiété de séparation, la dernière chose que l’on veut c’est que notre retour soit une fin en soit ! On veut que notre chien soit bien quand on est pas là, pas qu’il attende qu’on revienne. Cette attente peut être variable d’un jour à l’autre et surtout devenir moins ‘payante’ que votre retour et repartir en crise, en panique générale et pire, en confiance brisée.
2. Un kong et ça va l’occuper et bien aller
‘On m’a dit de donner un kong à mon chien et que ça irait mieux’.
Un kong peut durer 10-15-20-30 minutes dépendamment du chien mais ce n’est pas parce qu’il mange qu’il va bien. Oui cela peut l’aider (stimulation mentale) mais pas forcément dans ces cas-ci, c’est plutôt le distraire pour qu’il oublie votre départ... ce qu’il ne fera pas au final, c’est garanti, à moins que votre chien soit juste frustré par vos départs, bien différent de l’anxiété de séparation.
Ce n’est pas parce que le chien mange qu’il va bien (ici Kawaii est très anxieuse en voiture, mais elle mange... mais elle ne va pas bien, je vous épargne les vocalises qu’elle peut faire tout en mangeant !) En état de dépression, je peux m’enfiler un pot de crème glacée, je ne vais pas mieux en le mangeant ni après même si j’essaye de me convaincre que ça va aller... c’est le même principe pour les chiens.

Ici Kawaii mange, mais elle est loin d'être détendue (oreilles, yeux, queue, corps tendu). Il s'agit d'une photo prise à son arrivée chez moi alors qu'elle était encore sauvage et personne ne pouvait y toucher.
Donner un kong c’est distraire le chien pour un temps, pas l’aider à régler son anxiété. Une fois le kong fini... l’anxiété est toujours présente et distraire un chien pendant 5h, je veux bien croire que ce soit faisable mais...
Oui, mâchouiller, manger, gruger, peut déclencher des endorphines... mais pas assez quand on en vient à des crises de panique... ce qu’est l’anxiété de séparation, ni plus ni moins, votre chien a peur de mourir lorsqu’il est seul.
De plus, si à chaque fois que vous partez vous donnez un kong à votre chien anxieux, il est très probable que votre chien développe une aversion pour les kongs (qui égalent à votre départ/absence).
3. Mettre le chien en cage ou dans un espace restreint
C’est souvent le conseil qui revient. Même si ça peut paraître une bonne idée pour éviter qu’il ne détruise votre foyer, la plupart des chiens atteint d’anxiété de séparation font aussi du ‘confinement distress’ soit dans ma traduction la plus imparfaite : de la claustrophobie.
Je vous donne un exemple : vous êtes stressé d’arriver à un rendez-vous... vous mettre dans un ascenseur, même avec 2-3 personnes risque de faire monter votre anxiété à cause de la petitesse de l’espace et de votre peu de moyen de sortir, bouger, être librement capable de faire ce dont vous avez besoin pour vous sentir mieux dans la situation. Vous êtes confiné, pris dans un espace restreint et mal à l’aise, sans aucun pouvoir sur votre environnement... ça n’ira pas de mieux en mieux au fur et à mesure des étages qui passent (et l’ascenseur ne va jamais assez vite !) C’est tout pareil pour le chien en cage ou restreint qui est en proie à son anxiété pris avec en plus, cette peur irrationnelle plus forte qu’un simple stress.
Oui mais je ne veux pas qu’il détruise ma maison !
En effet, personne ne le veut, ni le chien, ni vous, ni même moi ou votre entraîneur. L’idée est de toujours travailler sous son seuil de réactivité (panique), en désensibilisation systématique, afin de lui apprendre pas à pas, à son rythme, que rester seul est ok !
Je voudrais aussi faire ici une parenthèse sur les solutions ‘rapides’ telles que collier anti-aboiement, électrique, vibrant ou à la citronnelle : enlever un symptôme (aboiement, hurlement) ne règle pas l’anxiété et risque malheureusement de l’empirer et de transformer les symptômes (destructions, auto-mutilation etc). Mais il existe des solutions (voir ci-bas) :
Vous pensez que votre chien fait de l’anxiété de séparation ?
Mes meilleurs conseils sont les suivants :
Ne pas le laisser seul avant qu’il en soit parfaitement capable (ça paraît plus insurmontable que ce l’est en réalité)
Apprenez le langage canin, le langage du stress surtout afin de décoder votre chien
Faire appel à un entraîneur compétent en la matière
En parlez à votre vétérinaire
Filmez, enregistrez votre chien pour monitorer vos progrès et les siens
Patience ! Les troubles anxieux, dépressifs ou les phobies ne se règlent pas en 1 jour mais le travail et surtout le résultat sont un ‘game changer’ pour tout le monde !

Kenza approuve cet article ;)
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